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ClairObscure

4 novembre 2007

de l'ordre du divin

Il a lâché le prénom dans la conversation parce que je ne comprenais pas bien son récit où se mêlaient soudainement deux femmes différentes, des "elle" que je distinguais mal et qui de toute évidence ne constituait pas la même personne. Comme je me perdais dans ce qu'il me racontait, il me dit sur l'air de l'évidence - non non il s'agit de Nathalie...je tentais de me souvenir s'il l'avait nommée auparavant devant moi, ou peut-être dans un mail...Avant notre dîner en tête à tête, quand je l'évoquais, je disais "ton Château d'Espagne, comment va-t-elle ?".

Il ne m'a rien dit d'autre sur elle ni d'elle, il a beaucoup parlé d'eux, de la situation actuelle impossible, d'un mari et d'enfants, de kilomètres, d'une autre ville et une ville étrangère, de lui et de son besoin d'amour au quotidien, de présence, de sa naissance au monde depuis elle, de leur premier week-end à deux sur la plage de Colliour, en vrac. Mais rien d'elle, rien sur elle, Nathalie. Je me taisais beaucoup, sauf  quand quelquefois il voulait mon avis, ou que je le voyais passer à côté d'une idée évidente, ou que je souhaitais le faire réagir sur une autre. Parfois je racontais mon amour, mon homme que je prénommais aussi au détour de la conversation. Je ne posais pas de question sur elle, je le laissais parler d'eux.

Il a effleuré quelques mots sur la passion sensuelle qui les unissait, l'évidence sexuelle telle que je l'ai connue, torride, il gesticulait quand il souhaitait souligner des mots qui ne lui semblaient pas assez grands pour raconter l'énormité d'une telle rencontre, l'énormité de l'amour par le corps. Juste quelques mots qui ne dévoilaient rien du détail. Rien de particulier qui m'aurait révélé la nature de Nathalie. Je ne posais toujours pas de question.

Si blonde ou brune elle portait les cheveux longs, courts, détachés, attachés, tout en boucles, raides. Si elle l'accueillait en robe ou en jupe, si elle préférait les pantalons, si ses ongles, elle les soignait, si elle se maquillait, si petite ou grande, si ronde ou maigre. Qu'aimait-il d'elle ? S'il m'avait dit, elle est blonde, j'aurais deviné autre chose, j'aurais deviné peut-être qu'il aime plonger ses doigts maladroits dans ses boucles, j'aurais su qu'il oubliait de la coiffer mais qu'elle aurait désiré qu'il le fasse. Peut-être. Il ne m'a rien laissé entendre de tout cela. Ni comment ils s'embrassaient, devait-il la porter un peu à sa hauteur pour l'étreindre ? Laissait-elle son poids à elle se plaquer contre son corps à lui quand après de longs mois de séparation ils se retrouvaient ? La prenait-il par les hanches, le dos, la courbe des fesses ? Criait-elle quand elle jouissait ? Dans quoi elle travaillait pour gagner sa vie ? Fumait-elle aussi ? j'imagine que oui, tout comme lui. Ou peut-être que non, puisqu'il veut arrêter dans deux mois.

Par déduction j'ai fini par comprendre aussi qu'elle suçait, qu'elle le suçait. Je me suis demandée ce qu'elle en retenait, quand loin de lui, elle retrouvait son foyer ? Se masturbait-elle en hapant l'air  de sa bouche comme s'il lui tendait sa chair turgescente et qu'à cette simple image ses doigts accéléraient leur mouvement pour précipiter et retenir la délectation finale ? Aimait-elle lui tendre son cul avant tout le reste ? Portait-elle des bas ? Gardait-elle son soutien-gorge pendant l'étreinte, duquel dépassait le bout du téton, et qu'à la simple vue de ce débordement, il débordait lui aussi sur elle, en elle aussi peut-être. Se laisserait-elle aussi gifler coupable et jouissive s'il levait la main sur sa joue pour la punir de le laisser vivre seul à Paris ? Jouirait-elle si sur ses fesses rebondies il la cravachait à l'aide de sa ceinture ? Gémit-elle seulement sous ses caresses ? Venait-elle se blottir tout contre son flanc avant de s'endormir ? Avait-elle pleuré d'amour ?

Nathalie a appelé pendant le repas. Je ne savais pas qu'elle appelait, le mobile sonnait. Il n'a pas voulu répondre tout de suite. Je lui ai dit, tiens vas-y réponds, moi je dois passer aux toilettes. Quand je suis revenue, ils discutaient tous les deux. Il a raccroché, il m'a dit c'est Nathalie, elle sait que nous dînons tous les deux, tu sais elle m'a appelée quand elle avait lu ton texte, celui qui parlait de présent qui enculait l'éternité, elle m'a appelé, elle m'a dit : ça ne te rappelle pas quelqu'un. Il m'a regardée, il m'a dit, oui bien sûr ça nous a rappelés nous.

Je crois que cela était gratifiant, ce reflet dans mon écriture. Ce reflet dans mon histoire. Ce couple virtuel, ce couple qui venait se réfugier ici dans l'abri clair obscur, comme autrefois je prêtais ma chambre de 9m2 aux amants de passage que je connaissais. Mes mots qui viennent de je ne sais où, mais qui seront ancrés dans la mémoire de leur histoire...ah mais c'est de l'ordre du divin! aurait répété la mère de Nathalie, complice elle aussi de leur histoire. Les couples illégitimes créent leurs propres anges-gardiens. Mes mots pour la première fois portaient des ailes longues et blanches, et puisqu'ils ne me porteront jamais, qu'ils les portent, eux aussi loin qu'ils pourront s'aimer.

Voilà ce sera ma dernière note ici, merci à vous tous.

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2 novembre 2007

De la diablesse au con folâtre

C'était simple. J'en avais eu envie quelques jours auparavant au creux du ventre, ça m'est venu comme une idée soudaine quand je réfléchissais à la passivité quelquefois de mon corps dans les étreintes avec mon homme, et l'idée, je l'ai très bien visualisée, toutes les sensations s'éveillaient à l'intérieur et à l'extérieur de ma peau avant même que je n'accomplisse les gestes que je fantasmais, bien avant.

Les sensations pendant l'exécution réelle de la petite mise en scène, banale somme toute, vous verrez, ressemblaient fort à celles que j'éprouvais lors du fantasme. Par des gestes que je produisais pour la première fois sur mon homme je reproduisais miraculeusement des sensations que j'avais senties avant l'exécution par l'imagination, et cela m'a semblé merveilleux. La question de la répétition des gestes est centrale dans l'érotisme, celle de la réminiscence des sensations, la nostalgie érotique, et la question du renouvellement des sensations, la lassitude érotique, restent entièrement dépendantes de la première. Et quoi ! j'aime théoriser mes ébats au même moment que le con folâtre (un con intellectuel, ça vous en bouche un coin, hein!).

Le petit déjeuner a tardé, il téléphonait tandis que je préparais le plateau de fromages et de fruits et le thé pour les accompagner. Puis nous avons longuement discuté pendant que nous dégustions les petits mets. Nous étions assis en tailleur sur le matelas le plus bas, le plateau devant nous sur le matelas le plus épais, et nous nous étions même rhabillés pour l'occasion.

Il est difficile de me demander de sucer après avoir mangé. Je veux dire juste après avoir mangé, dans les minutes qui suivent - mais je n'attends pas la fin de la digestion pour laisser ma gourmandise vaquer à ses occupations les plus délicieuses. Nous avons donc bavardé encore un peu après le petit festin du matin, quand je me sentis enfin de glisser entre les jambes de mon homme, et entamer une sorte de dessert énorme.

Je n'avais pas en tête de laisser mon fantasme se réaliser. Je n'y pensais plus depuis la veille. Pourtant quand nos ébats ont commencé à perdre de leur rythme un peu, vous savez à ce moment où l'on ne sait pas encore qui va reprendre les rennes et lancer le feu d'artifice. Je relevais la tête, et me retournais vivement pour tendre mon cul à la bite bien échaudée, je portais encore ma robe que je relevais un peu sur les hanches. Nos corps s'allièrent avec facilité.

Mon homme encore en chemise, bleutée si je me souviens, avait dû basculer le poids de son corps en arrière sur ses deux bras, les mains à plat sur le sol, ses jambes éhontément ouvertes, écartées et molles comme celles de jeunes filles qui se font décoiffer le minou, oui oui mon homme. Il était d'une immobilité impassible. Il se maintenait dans un équilibre dangereux cependant mais...cela m'importait peu.

Ce qui m'importait, était le mouvement de pendule auquel je m'astreignais. Quand j'eus fini de me rincer l'oeil de chatte, je relevais mon cul et basculait afin que ma tête vienne à nouveau se prosterner devant la statue gluante. Je le suçais en vitesse, à gorge profonde et moins profonde, puis goulûment, puis du bout des lèvres. Et sans crier gare, mais comment aurais-je pu la bouche toute emplie, et bien emplie! je présentais à nouveau mon cul à l'office et décapitait le droit curé de mes petites lèvres luisantes et fermes. Pour cela il fallut exécuter une danse du diable, rouler des hanches autour du bâton exorcisé, le saluer fort bas et le porter bien profond.

Il fallut bien évidemment de règle lécher ses bottes, bien lécher les bottes. Voilà donc que je me retourne, la bouche gourmande et nerveuse, les lèvres retroussées autour de mes dents pour serrer l'éteinte, la salive bouillonnante, la botte bien cirée.

A peine mon cul reprit ses fonctions sur son axe vital, vital je vous le répète, bon ouvrier il pompait, pompait, Shadock consciencieux, ah la chaleur me montait à la tête, c'était l'Equatorial en plein Barbès, oh mon dieu j'aurais joui s'il n'avait fallu faire tomber cette foutue robe, ondulant le bassin tigresse porno je la retirai lassive, et - oh!

éjaculation !

Il l'avait pas vu venir, dites-donc.

Oui mais la diablesse est fourbe, que voulez-vous.

31 octobre 2007

Quand je dis que je n'y étais plus disposée, cela

Quand je dis que je n'y étais plus disposée, cela ne signifie pas que dans la surprise d'être soudainement happée par la tête sous sa queue j'étais mécontente et hostile. Le mouvement brusque, inattendu, un soir où, parce que ma relation à lui s'aplanissait dans la fin curieuse d'une névrose à la racine ancienne, je me sentais en mesure parfaite d'accepter et d'offrir des moments doux sans heurt, ni morsure, ni griffure, et où je le désirais ainsi à ce que point que je n'avais aucunement anticipé l'ardeur brusque qui plaquerait ma joue sur la peau ductile de ses couilles.

Il se tenait à genoux il me semble, je ne me souviens plus, était-ce lui ou moi à genoux, mais je maintenais les yeux mi-clos au niveau de son sexe entier en mutation, qu'il ait été debout et moi agenouillée, oui lui sur ses genoux et moi à niveau plus bas, sa main gauche serrait sa paume autour de mon crâne et frottait ma tête comme un coussin ou comme une serviette autour de sa bite élastique et sévère.

Je ne distinguais plus mon visage, il faut l'avouer, oui que mon nez s'écrasait contre les os des hanches ou s'enfonçait dans les pliures et les molesses épidermiques, que je ne voyais rien car je fermais les yeux et que je ressentais tout par ma peau qui se déformait sous la pression de ma tête contre ses os, ses bourses, son pénis, que j'entendais claquer lorsque plusieurs fois de son autre main il soulevait son membre souple pour cingler ma joue comme il m'aurait cravachée d'un caoutchouc noir et longiforme, et flexible, contre l'oeil, les lèvres sans distinction, le front, la narine. Il se risquait même à enfoncer sa bite dans ma bouche dont je ne contrôlais plus l'ouverture, raclant mes dents que je ne pouvais plus recouvrir de mes lèvres pour la protéger, sa queue.

Poupée de chiffon, molle, tributaire de la seule pression d'une main à laquelle je m'abandonnais et dont la force de la prise, de la surprise me rendait tributaire, une violence dans laquelle je perdais joyeusement une sorte de dignité humaine par la déformation de mes traits, dans l'engloutissement parfait de ma figure sous l'aisselle de son sexe qui l'abritait grâce à une membrane dont je ne soupçonnais pas l'étendue, je me demandais pourquoi donc il me faisait subir cet excès de force, de quoi il me punissait, ou ce qu'il tentait de me transmettre alors même que j'apaisais l'emprise de mon amour, de mon-être-à-lui.

Il a poursuivi quelques mouvements encore, pivotant mon cou à droite puis à gauche, puis esquivant un retour vers la droite écrasait ma bouche sèche et béante contre ses bourses à gauche, feinte, puis plusieurs feintes qui accentuaient la folie d'un désir qui voulait m'engloutir, m'absorber, m'intégrer, ses deux mains qui maintenaient mon crâne docile, chacune décidée à suivre ses gestes propres, contradictoires, parfois qui tentaient de se réunir comme un aimant contre une plaque de fer, d'autres fois s'écartant incompatibles.

Puis son étreinte a failli, il a desserré les doigts, j'ai pensé qu'il ne m'aimait peut-être plus en l'espace de quelques minutes, il m'a laissée à l'abandon m'allonger sur le matelas, il m'a suivie, et nous nous sommes embrassés longuement, nos lèvres insatiables, nos bras impatients, la fusion sans cesse en annulation, après je ne sais plus, vraiment je ne sais plus, il m'a dit à un moment non arrêtez je vais jouir, je crois que j'ai joui sa tête entre mes cuisses, ou peut-être pas encore à ce moment-là, peut-être était-ce ma tête sous les siennes tandis que sa queue comme un ressort tendait vers ma gorge, m'a-t-il prise en levrette, non non je ne crois pas, pas cette fois-là, est-il venu sur moi, un peu je crois, mon missionnaire, il n'a joui qu'au matin, je raconterai comment - ou lui, un éclat d'obus mon trou comme une fleur écarlate, un jet un missile et des flagelles nerveux.

28 octobre 2007

De notre dernière nuit d’amour je retiens sa main

De notre dernière nuit d’amour je retiens sa main comme la tête du chat noir qui cherche le réconfort sous le drap chaud, c’est en sursaut que j’ai surgi d’un sommeil que j’aurais cru profond, il s’était penché sur mon matelas, les cheveux ébouriffés par les heures de sommeil courtes et c’est souvent que je me suis réveillée cette nuit pour lui demander s’il allait bien, s’il dormait, s’il voulait un verre d’eau, amoureuse inquiète de lui offrir un logis rudimentaire, il était penché sur mon matelas, faufilant la main sous le drap et la couverture vers ma cuisse ou mon ventre, je crois qu’il retenait son souffle, et dans ses yeux somnolents, j’aurais presque deviné de la malice, je me suis réveillée trop tôt pour qu’il éprouve le plaisir de me réveiller de ses caresses, pourtant voilà le soulagement étrange dans son regard de me retrouver déjà, je ne sais quels mots j’ai prononcé la bouche enfouie dans les plis lourds du drap couvert, mais il comprit l’invitation et s’est glissé près de mon corps, j’aime ces moments presque enfantins et son corps allongé a passé de son matelas au mien sans même se déplier tout à fait, et que de baisers, que de baisers à profusion, vous êtes là mon amour, oui – et le plus beau, le plus émouvant : nos sourires qui ne cessaient de se répondre, plus quiets que ceux de tous les Bouddhas en orgie dans un lit. De toutes nos nuits d’amour, celle-ci je l’ai gravée sur l’écorce de ma peau, et d’une flèche tenace.

D'une certaine manière le présent enculait l'éternité.

27 octobre 2007

Ma mémoire n'a pas la sensation du bonheur vive.

Ma mémoire n'a pas la sensation du bonheur vive. Le bonheur je le ressens sur l'instant. Puis je détruis le moment dans un souvenir qui restera factuel. Le oui je me souviens de telle date, je garde l'idée que nous étions heureux, mais je ne ressens plus ce bonheur, il ne revit pas par le truchement de la mémoire. C'est un processus, parfois je le perçois par des vibrations infimes dans mon intérieur, je sens comme une machine par lequel passe l'impression de ce que je vis et la lente transformation en souvenir, et en souvenir neutre. Pourtant je ne classe rien dans la case "temps heureux", il n'existe même pas de case de ce type dans les archives. Une fois souvenir l'événement dévoile par son achèvement des ambivalences, des ambiguïtés, des sentiments complexes qui n'ont rien à faire et contredisent même la sensation de bonheur, et reste un souvenir inclassable, qui a perdu sa saveur, qui ne me retient pas, mais dont les faits demeurent, selon la dynamique de ma mémoire plus ou moins fidèles à la réalité du passé. J'observe quelques amis parfois raconter un événement qui les a touchés particulièrement, ils s'animent comme s'ils revivaient une émotion intense, revisitée, vive par la seule évocation, tout le corps en fait état. Moi je me souviens mais je ne ressens rien, je peux juger ce qui constitue le souvenir, je peux affirmer j'étais heureuse mais déjà je ne le saurai plus dans mon corps, et je l'affirmerai par un certain nombre de canons du bonheur qui se portent garant de la véracité de mon propos, mais je ne ressentirai pas l'émotion. Je parlerai du bonheur d'une étrangère, j'aurais peut-être même plus d'émotion. C'est une étiquette, des mots. Tout par ma mémoire devient ambigu, ne s'incarne plus. Elle est comme un mur épais de séparation, ou une vitre incassable.

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24 octobre 2007

balivernes d'un théâtre intime

L'homme, le mâle, ne devrait pas souffrir - dans le drame de mon théâtre psychique, il ne devrait pas.

Je ne parle pas du père, je parle d'un être humain qui ne serait pas entaché par la maternité. Je parle d'un être humain infaillible, poitrine réconfortante, pilier, mur imbattable, d'un être humain écueil de la femme échouée, de la femelle meurtrie. Je ne parle pas de puissance. Je ne parle pas d'énergie avilissante. Je ne parle pas de domination, ni de degrés de séparation et de contradiction. Je parle d'une marque, d'un repère, d'une valeur immuable aux signes variables, d'un réconfort éternel à cueillir. Je ne parle pas de gratuité, je ne parle pas de don, ni de leur contraire - le commerce humain se retire devant l'évidence.

J'entends que tout s'effrite mais une statue ne le devrait pas, une seule, et j'imagine cet être - un homme. Dans le drame qui se joue dans mon psyché-soma, ce ne peut pas être la femme - la femme s'est accaparé un rôle ambigu, le rôle qui allait de soi, le rôle qui assigne. A l'homme je lui donne l'espoir de la création, de l'inspiration, du solide - il sera l'horizon toujours visible, qui quand bien même ne sera jamais atteint sera l'assurance du réconfort et intrinsèquement le réconfort.

A la femme le pouvoir de l'illusion, du changement, du merveilleux, de la révolution, de la quête, du voyage - le désir et l'angoisse. A l'homme la volonté de la clarté, de la construction, de vérité, de distinction, de foyer - le sens et l'équanimité.

A la femme l'instinct et la puissance - le silence. A l'homme l'évidence et l'incarnation - le verbe.

Et je m'équilibre.

24 octobre 2007

Le labyrinthe sans le pan

Je voudrais une épaule, ma tête reposer - la seule chose qui m'ait fait pleurer dans ce film ce fut la berceuse. Toutes les berceuses me crèvent le coeur. La réalité déçoit, l'imaginaire je n'en ai pas la clé, ni la craie. Je glisse peu à peu. J'ai trop de fierté, et toujours mal placée. Je n'ai pas besoin de moi pour vivre. Putain de fusion à la con, tuez toutes les mères une par une, achevez-les toutes, moi aussi le moment venu - toutes. Je n'appartiens à aucune race, je suis en exil de je ne sais où, je vais nul ne sait où. Tuez-les toutes, on dirait des bourdons en pleine nuit, et ma tête explose. Je sens comme une mort proche - mais tant que je pleure, je suis en vie. Il m'a dit souvent pourquoi tu pleures, j'ai dit quand je ne sais pas dire, je pleure, c'est une forme d'expression, il a ri, il s'est moqué, tuez tous les hommes qui n'ont pas le courage, tuez tous ces hommes qui ne savent pas assumer leur rôle. Tuez-les, ils n'ont pas su être pères, et si j'étais un homme, il le faudrait aussi, me tuer. Ils auraient dû être l'antidote. Mais quand j'entends son rire à elle, si spontané, je me dis, encore un peu, tiens encore un peu. Je ne suis rien, et si seulement je n'écrivais pas, je serais toujours moins. Si seulement je ne pensais pas à lui, je serais moins encore. La vie tient à des pré-textes. Des pré-textes, bien sûr.

23 octobre 2007

notulade

De l'amoureux on espère. De l'amant on exige.

23 octobre 2007

Brocking bridges

Je me force à écrire aujourd'hui, les jours derniers m'ont éloignée de l'écriture, de l'envie de retranscrire, je suis happée par ce sentiment de lassitude qui s'affiche sur les creux de mes yeux, donc ce sera la lutte sans cesse, voilà, une vie.

J'ai écouté tous les jours les émissions littéraires que j'aime, Humeur Vagabonde sur France Inter, ou Une oeuvre une vie sur France Culture, Les livres de la 8 cette semaine ont été annulés par le foot sur Direct 8, et mes journées de travail à l'écoute de ces émissions me donnent un peu de plaisir à mes matinées au bureau, et là parfois j'entends la voix d'auteurs qui me parlent, qui me touchent par leurs paroles, et je vois combien l'écrivain ne signifie rien pour moi, combien je ne peux me mettre dans la peau de l'écrivaine parce que le métier d'écrivain me paraît vain quand on ne sait pas écrire à la troisième personne, quand on ne sait pas imaginer la vie d'autres, les pensées d'autrui, ni traduire les actes étrangers aux siens. Je ne vois pas le sens de la littérature au delà du conte et du roman.

Pourtant il y a leurs paroles qui me touchent, comme ceux de Yourcenar qui racontait que l'écrivain se sent empli d'une mission à accomplir, une mission envers ses lecteurs, envers la vie, quelque chose qui le dépasse. Il y avait Maguib Mahfouz qui donnait ce conseil précieux qu'écrire ne sert à rien si l'on n'y consacre pas toute sa vie, si l'on n'y consacre pas tout. Ces mots-là je les ai compris, ils ont parlé au-delà des mots, au-delà de leur sens, j'ai ressenti ce qui avait pu pousser ces personnes à dire ces mots, sans doute ce que je lie depuis toujours à l'écriture, la nécessité comme une démangeaison, c'était maladroit de le décrire ainsi par le simple mot de nécessité, et très égoïste aussi. Mahfouz disait qu'il ne fallait pas chercher à être reconnu en écrivant, mais chercher à toucher le lecteur, à le transformer par les mots, à le modifier, c'était la seule et unique récompense, car écrire ne donne pas l'argent. L'âge lui a donné la sagesse.

J'ai lu un livre dont l'auteur m'énerve, dont l'écriture n'en est pas une, quelqu'un qui écrit de clichée en clichée tant il cherche la vulgarisation de son métier de pédopsychiatre, et qui pourtant tout comme Dolto qui m'avait passionnée donne à lire des cas auxquels il a été confronté où tout semble se dénouer avec facilité puisqu'il s'agit de dégager très rapidement une conclusion claire et lisible par tous, de toucher au plus sensible, au plus universel, du moins au plus culturel, donner du tout cuit sans passer par la forme crue, de la soupe. Pourtant il m'est venu ce soir en en parlant avec mon amie des jours et des chemins cette expression qui m'a échappée, ce livre d'une grande simplicité qui enchaîne exemple de cas sur exemple dans tout son grotesque : il a donné les autoroutes à mes cheminements sans fin, ces chemins de traverses que je poursuis sans jamais penser à la route toute droite, à l'autoroute. Ce livre, je l'avais repéré dans la bibliothèque d'une des colocataires, et j'ai longtemps hésité à l'ouvrir, presque quatre mois à passer devant sans y prêter beaucoup d'attention, ce livre s'intitule "Détache-moi" de Marcel Rufo.

Le premier soir que je l'ai lu dans une fatigue immense, mais où à cause d'un vacarme dans la rue et dans la maison je ne pouvais arriver à dormir, il se lit très vite, j'ai très vite saisi comment ce liv révélait ce que je savais déjà de manière intuitive mais que je n'avais pas abouti en mots concrets et sonores. Il y avait toute une réflexion sur la survie, la fusion, la défusion, le lien, le déliement. Bien sûr après la grande scène où j'ai pleuré affreusement dans les bras de mon homme, j'ai eu soudain l'occasion d'en arriver à la conclusion d'une attitude spontanée à laquelle je m'étais abandonnée mais qui me perturbait beaucoup et me dérangeait beaucoup. Après tout les autoroutes ne sont pas inutiles, et je n'ai pas regretté d'avoir jeté un coup d'oeil à cet ouvrage.

Dans la nuit-même où j'ai lu ce livre, à cause du remue-ménage dans le couloir j'ai fermé la porte de ma chambre, ce que je ne fais jamais. La chambre est presque exactement configurée comme celle dans laquelle on m'avait installée chez mes parents adoptifs qui sans doute plus large, comportait aussi deux portes, une cheminée à la même place, mon lit au même endroit et la porte que je fermais exactement au même endroit. J'ai rêvé pendant la nuit pénible que ma mère adoptive fermait et ouvrait cette porte avec beaucoup d'énervement comme elle pouvait le faire lorsque le cagibi derrière la porte était encombrée de mes chassures ou de mes sacs. Dans mon rêve, elle ne cessait de l'ouvrir et de la fermer, et je revoyais très bien la lumière telle qu'elle s'allumait la nuit quand ma mère passait de ce côté-là.

J'ai beaucoup réfléchi à ce livre et à ce qu'il racontait, de l'expérience que je connais bien de l'abandon qui suscite la persuasion qu'on n'est ni aimé ni aimable, mais aussi de la question de la fusion à la mère et du rôle paternel de défusion ou d'entrave dans une relation de mère / enfant qui s'apesantit trop longtemps ou trop lourdement dans une fusion à devenir morbide. J'ai pensé à mon parcours depuis mon adoption jusqu'à aujourd'hui avec mon amour en ce moment, jusqu'à la crise de pleurs. J'ai compris à quel point pour des raisons que je n'ai pas le temps ni l'envie de détailler encore, au moment de l'adoption (de la prise sous tutelle, je n'ai jamais été adoptée) j'ai régressé, j'ai revécu une petite enfance, la fusion complète avec une femme qui n'attendait que cela, une adhésion totale et vampirisante, mais qu'en même temps je grandissais par la force des choses, que la vie poursuivait son cours du côté de ma mère adoptive dont le mari n'a jamais su ni voulu intervenir dans notre amour violent et meurtrissant, ce n'est qu'au cours de leur divorce que j'ai senti se détacher l'intérêt de cette femme pour moi, un abandon normal dans un cas pareil, dans une période où bien sûr moi-même j'avais besoin de me détacher pour survivre, il n'était plus question de vivre mais bien de survivre, et venait enfin l'adolescence tardive, bien trop tardive, à 27 ans, mais j'ai eu un redoublement d'enfance qui m'a mise en retard.

Et ce n'est qu'au moment de cette crise de larmes incompréhensible, de petite fille qui comprend enfin que la fusion n'aura pas lieu, que pour cet homme, je ne serai pas tout comme j'avais voulu qu'il soit tout pour moi, dans ces larmes il y avait mon enfance enfin acceptée, enfin déclarée, alors que petite "adoptée", on me disait si souvent, comme elle est adulte, comme elle est vaillante. Le mieux aurait alors été qu'il me dise - non, au lieu de quoi il s'est embrouillé à me dire des choses qui n'aidaient pas à saisir sur l'instant l'importance de mon caprice, l'importance de ce moment, de cette nouvelle carapace qui se formait sur ma peau. Sur sa poitrine par une seule morsure toute ma haine, la violence retrouvée de mon enfance, le retour à l'impossibilité d'exprimer en mots mais seuls des actes sauvages et inconsidérés. Mais je n'ai pas eu les mots, pourquoi lui les aurait eu à ce moment-là, parce que lui en a quarante et une d'années derrière lui, et moi vingt-sept ? Oui cela m'a semblé être une bonne raison. Une bonne raison depuis le début de notre relation. Au fond l'adulte est un mythe, on ne passe pas sa vie à devenir un autre, mais à se rendre supportable à soi-même. Je tâte les murs et j'ai l'impression que je n'avais jamais remarqué comme tout s'effritait depuis toujours.

Les nuits suivantes ont été longues, et difficiles, il a fallu une nuit blanche à danser sans m'arrêter plus que je n'ai bu ou fumé, pour me dire que délier ne veut pas dire couper les liens, on peut garder un même fil d'un noeud délié. Mais la défusion est douloureuse. Douloureuse la nécessité de se rendre disponible à nouveau, de s'ouvrir à nouveau, de lâcher du lest. Douloureuse la nécessité de me détacher de mon homme, de le rendre amant simplement. Mon amant royal, mon tout premier amant malgré les dizaines et les dizaines d'avant. Et ce jour-là où je devais pleurer dans ses bras, je ne le savais pourtant pas que je pleurerais, j'ai exigé qu'il m'apporte des fleurs, il ne m'avait jamais offert de fleurs - je ne savais pas pourquoi des fleurs. Puis j'ai compris plus tard, quelques jours plus tard, que les amants se doivent d'offrir des fleurs. Mon inconscience lui assignait le nouveau rôle d'amant, comme s'il était à la recherche de repères orthonormés. Il a dans le rôle de l'amoureux trop d'espoir possible, trop de perspectives ouvertes. Quand j'ai eu à choisir entre deux nuits, deux dates auxquelles il pourrait venir dormir chez moi, ma première réaction a été de me réjouir et de choisir celle qui me convenait le mieux. La seconde a été la révolte, et pourquoi pas les deux. De l'amoureux on espère, on attend. De l'amant on exige.

18 octobre 2007

l'amour est enfant de salauds, il n'a jamais, jamais connu de loi

Quand j'ai pleuré dans ses bras, de la manière la plus honteuse, découvrant ma plus profonde détresse, vous savez il y a toujours une au fond tout au fond qui domine toutes les autres, les impulse certaines, je sais que j'ai frôlé la possibilité d'une fin de mon amour pour lui. Je sais que perdue, malgré tout le soutien et les intentions belles des mots maladroits, si étonnamment maladroits, qu'il m'offrait en vrac, sans doute effaré de tant de douleur soudain éclatante, de douleur si naïve, effaré d'une culpabilité qu'il se devait d'avouer malgré lui, malgré tout cela, quand une porte demeure fermée, je m'obstine avec rage sur le battant qui ne cède pas, jusqu'à épuisement du corps, des yeux et du système nerveux, que je hurle désespéremment au contact avec le monde qui se cache derrière la porte, rien ne s'exprime alors que mon corps, que mon corps. Au lieu de tenter une échappatoire, un autre chemin, une autre porte. Au lieu de mobiliser mon intelligence.

Quand j'ai pleuré dans ses bras, la mort à laquelle je m'attends depuis si longtemps se trouvait devant mes yeux et dansait une sarabande moqueuse, et ridicule j'ai senti de désirer survivre par tant d'efforts, et obsène mon illusion d'espérer un jour des récompenses, aveugle et égoïste voilà c'est ainsi enfin que je me suis sentie à nouveau face à lui, face au noeud dans lequel mon corps s'était jeté et mêlé perdu par lui-même miraculeusement en accord avec ma conscience, avec ma volonté, avec mon désir - pourtant c'est exaltant, l'unité d'un être, mon unité réalisée en tension vers un autre être, la sortie de moi-même a été magnifique, je trouve, c'est ainsi que je l'ai vécu, merveilleuse, et sans cesse j'ai pensé je crois que la réalité viendrait à mon secours pour chasser les illusions, mais le merveilleux est une drogue. C'est ainsi que j'ai avoué que je n'aurais plus le courage après lui, que je n'avais plus le courage de mener une vie avec du médiocre amour, de me lancer sur le marché des célibataires comme autrefois, et il m'a dit mais vous êtes si jeune, et je disais je suis si vieille, et il ne s'est pas empêché de le répeter, oui vous êtes vieille aussi, mais si jeune, vous accomplirez de grandes choses, je le sais. J'aurais été méchante, j'aurais ri dans l'hystérie des instants borderline, et même si j'étais méchante, je crois vraiment que cet homme, je l'aime, aussi incroyable que je puisse aimer vraiment. En fait il m'a touchée, avec ces mots à consoler toutes les jeunes femmes en désespoir, des mots de courage, des mots génériques - mais comment exiger d'avoir les mots devant une désolation telle que la mienne se présentait, inouïe, désarmante, j'imagine.

Car, quand j'ai pleuré dans ses bras, c'est la colère qui aurait dû le saisir, et comment osais-je lui faire part d'une douleur aussi culpabilisante, et combien cette douleur ne concernait que moi, et rien que moi, et même si il avait m'avait touché des mots ambivalents, ambigus, sur nous, sur lui un peu, un mutisme à double face pour ne pas mentir, et même si nous nous sommes terrés dans le silence de l'existence de sa vie de couple, de mon point de vue c'est celle-là sa vie clandestine, oui comment cette douleur ai-je pu même penser la déverser sur son torse, sous son aisselle, par mes baisers, comment osais-je paraître si enfant, si sauvage, où était donc passée ma dignité. C'est vrai que j'ai manqué de dignité, et même dans ma colère contre lui, moins contre lui que contre notre destin, le destin se concentre sur le torse des hommes, et c'est là que j'ai mordu aussi fort, et si j'avais arraché sa peau, tant mieux, il y aurait eu là tout l'énergie de mon amour, toute la tragédie de l'amour en une seule morsure. J'aurais été l'adulte idéale que je devrais être, j'aurais prévenu ma douleur, j'aurais sorti nous du mutisme, j'aurais dit avec la simplicité avec laquelle on écarte une névrose : je suis malade de notre discontinuité, je suis malade d'absence, malade de manque, je suis malade de moi-même, je ne me suffis pas, j'ai la névrose qui s'appelle solitude inquiète. Et mon homme dans sa grande patience apparente, il m'aurait écouté ; dans sa grande mansuétude, il m'aurait dit tout aussi simplement qu'il ne pouvait combler cela, mais qu'il se ferait un peu plus présent ; j'aurais été heureuse de le sentir amoureux et volontaire. Mais il aurait dû dire au moins dire, et moi et moi, moi aussi je souffre, but maybe boys don't cry for sure. Il aurait dû penser comme elle se victimise...

Oui, je n'ai pas été l'adulte que j'espérais être, car c'est sans retenue que j'ai pleuré dans ses bras, et j'ai dévoilé un petit coin de ce que j'ai de plus humainement bas, j'ai pleuré à en vomir presque car je ne respirais plus dans mes muqueuses gonflées de chagrin. Je me suis laissée aller à la dictature de mon corps, qui a parlé quand ma conscience s'est défilée, qui a parlé au nom de l'inconscient, et mon corps ne s'occupe du chagrin de personne, il n'a pas écouté le chagrin de mon homme, ni le corps de mon homme qui a bandé comme il a pu, il n'a pas regardé les yeux de mon homme, là où toute son humanité se gonfle ordinairement, mon corps a rajouté des chaînes au noeud de l'homme, s'est victimisé, s'est glorifié de tout ce qu'il a de plus morbide dans sa survivance ; mon corps a manqué d'amour. Ce soir-là, il y eut une faute d'amour impardonnable. Mon homme dans sa face coupable ne l'a pas relevée, n'en a rien pensé, à cause de l'effarement je vous l'ai dit, la stupeur qui immobilise tous les sens, qui concentre toute l'attention sur la compassion, et je crois à la compassion de cet homme. Je voudrais pourtant être vaillante, et qu'il ne me le reproche pas, je sais me punir toute seule, je sais reconnaître ma faute. Je voudrais qu'il garde cette compassion aveuglante encore un peu, que j'ai la chance de l'aimer encore longtemps, moi je n'ai pas de compassion, ou je ne m'en suis pas encore découverte.

Quand j'ai pleuré dans ses bras ce soir-là, j'ai vu la possibilité d'une fin d'amour pour mon homme comme on voit la mort d'une âme d'annoncer, mon âme agonisante, et la fois d'après quand nous nous sommes revus aux Halles, que je l'ai rejoint et qu'il a été en retard un peu, je ne savais pas ce que mon corps déciderait, lui qui tranche net, je priais au rythme soutenu de mon coeur noyé dans l'incertitude, je priais mon corps de l'aimer mon homme que je l'aimais, et de l'accepter, de ne pas le rejeter, de me laisser le choix, et même le choix de souffrir encore un peu si je le souhaitais, je me serais mise à genou face à mon corps inflexible, aveugle comme la justice. Mon corps se prononcerait au contact du corps de mon homme. C'est difficile d'aimer absolument un homme qui aime deux femmes, et quelque soit différente sa manière de nous aimer, et aimer un homme qui aime les femmes, c'est pire encore. C'est difficile de se contraindre soi-même à la relativité, quand on se sent "être vivant au monde" dans l'absoluité, dans l'illusion ou dans un idéal d'absoluité. Il m'est difficile d'aimer deux hommes aussi à la fois, et de partager mon corps aussi. Il est difficile pourtant aussi de vivre dans la solitude des moments que je souhaiterais vivre dans l'intimité du corps et de l'esprit, dans la poursuite de la connaissance de l'être masculin dans ce qu'il a de plus intime, dans l'approfondissement du corps à deux. Il faudra que je me rende un jour à la relativité, tout le monde finit par devenir un salaud ordinaire, et j'ai beau faire ma coquette je le suis déjà depuis longtemps. Par la force des choses...

Il est arrivé sur la place devant St Eustache, et mon corps a vacillé dans le déséquilibre du doute, il a consenti à oublier un peu, et il y avait bien quelque chose qui avait changé, mais quoi ? Puis mon corps s'est rapproché d'abord parce que ma conscience lui a dicté son attitude, puis le miracle, le jamais-vécu :  après quelques minutes, une heure peut-être, mon corps a spontanément retrouvé son désir, son envie de se réfugier dans le corps de mon homme, de se coller au sien, de répondre au sien, de jouer, il me donnait sa bénédiction, et ce fut le soulagement merveilleux, une forme de bonheur secret, exaltante. Le soulagement du sursis.

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